Fortement critiqué depuis sa sortie début mars 2024, le biopic sur le grand compositeur Maurice Ravel apparaît pourtant comme une oeuvre absolument envoûtante, à l'esthétique sensuelle et portée par des acteurs sensationnels. Pourquoi faut-il voir Boléro : le mystère Ravel ?
En 1927, l'extravagante Ida Rubinstein - grande danseuse de la Belle Époque - commande à Maurice Ravel un ballet de dix-sept minutes chrono. Anne Fontaine s'affaire à établir un portrait du mystérieux et talentueux compositeur autour de son "tube", qui deviendra planétaire et intemporel. Et c'est une biographie absolument superbe que nous offre la réalisatrice des Innocentes (2016), Perfect mothers (2013) ou encore de Coco avant Chanel (2009). Au-delà d'un biopic, le film d'Anne Fontaine possède une dramaturgie extrêmement travaillée et bouleversante : l'histoire d'un homme qui détestait sa propre musique, mais créera pourtant le morceau le plus écouté au monde.
Il ne se passe pas quinze minutes dans le monde, sans que le Boléro de Ravel ne soit écouté.
Outre le fait que la musique de Monsieur Ravel soit déjà poignante, le rythme de ce long-métrage l'accompagne à la perfection et permet au spectateur d'avoir une vue d'ensemble sur la recherche créative, les lieux d'inspiration de sa musique et tous les ravages qui l'emmènent à l'aboutissement du Boléro. La succession des tableaux de la vie du compositeur ajoute une dimension harmonieuse et lyrique à cette oeuvre. Ce n'est pas qu'un film que l'on nous propose, mais un véritable ballet. L'esthétique se dévoile charnelle, captivante et profondément fascinante. L'on se retrouve rapidement absorbé par cette beauté latente, entre musique, photographie et poésie. Comme le dit si bien Maurice Ravel : "La beauté, c'est sérieux !".
Et comment ne pas évoquer cette distribution absolument sublime ? Raphaël Personnaz incarne un Maurice Ravel pudique, sensible et saisissant, aux côtés d'une Jeanne Balibar excentrique et sauvage, comme nous pouvions imaginer la grande Ida Rubinstein. Emmanuelle Devos en amie attentionnée apporte une tendresse déroutante, tout comme l'amour éthéré qu'il porte à Misia Sert, incarnée par Doria Tillier. Sans oublier évidemment l'extraordinaire Vincent Perez, qui endosse le rôle du compagnon de route du compositeur et dont le soutien s'avère indéfectible. Enfin, le premier amour de la vie de Ravel, sa mère, interprétée par la grande Anne Alvaro. Aucune fausse note !
Peut-être que le visuel de la scène du ballet peut déconcerter et d'aucuns pourraient le trouver relativement inabouti comparée à l'ampleur du Boléro.
Cependant, pour clôturer cette belle production, Anne Fontaine fit participer le merveilleux danseur étoile, François Alu, qui prête à la scène finale une danse puissante et généreuse, accompagnant magnifiquement ce pic émotionnel que constitue la fin de vie de Maurice Ravel.
Boléro : le mystère Ravel se révèle être un film sensible, profond et déchirant. Des critiques imméritées pour une oeuvre qui s'inscrit dans les longs-métrages les plus exquis de ce début d'année.
Boléro : le mystère Ravel en salle depuis le 06 mars 2024.
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