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La Petite Lumière

Photo du rédacteur: Manon FrançoisManon François

Dernière mise à jour : 5 déc. 2023


Adaptée du roman d'Antonio Moresco, cette bande-dessinée vous plonge dans l'univers de Grégory Panaccione, réputé pour ses illustrations emplies de poésie mélancolique. Le lecteur plonge alors dans l'histoire d'un vieil homme, découvrant une étrange lumière à des kilomètres de son hameau isolé. Qui peut bien vivre seul au fond des bois ? Et quelle histoire pourrait détenir cette personne ?


"Je suis venu ici pour disparaître dans ce hameau abandonné et désert dont je suis le seul habitant"

Un vieillard, sentant sa fin approcher, fait le choix de s'effacer de la société. Sa solitude semble néanmoins troublée par cette fameuse lumière. Un petit rayon scintillant provenant de l'immense forêt qui lui fait face. Et cet éclat dans la nuit lui permettra un jour de s'affranchir de sa solitude. S'armant de courage, le vieil homme arpente la forêt pour finalement tomber sur cette maisonnette, qui est occupée par... un enfant ? Un petit garçon en salopette le fixe, ébahi que quelqu'un l'ait trouvé. S'établit à partir de là une amitié auréolée de mystères. Ce qui apparaît alors bien étrange, c'est que cet enfant a bien plus conscience de ce qu'est la mort, qu'un vieillard s'en approchant.


Adapter l'écriture en images : un vrai défi pour Panaccione


Le roman La lucina, publié en 2013, a suscité de vives réactions : l'émerveillement semble être le mot d'ordre. L'histoire contée a même été adaptée en une oeuvre cinématographique en 2018. Nous, ce qui nous fascine, c'est la créativité de Panaccione : l'illustrateur d'un Océan d'amour relève le défi de retranscrire les émotions véhiculées par les mots de Moresco, en dessin. Tout au long de la bande-dessinée, le dessinateur opte pour un symbolisme imagé ; si certains éléments narratifs reprennent l'oeuvre de Moresco, les longs silences et l'instauration d'une ambiance sombre mais étrangement rassurante, sont signés Panaccione. C'est ce qui fait aussi de cette adaptation graphique un projet poétique véritablement touchant. Jouer sur l'ambiguïté du texte de l'auteur originel et les illustrations très fines démontrent que les maisons d'éditions Delcourt et Mirages ne se sont pas trompées dans leur engagement.


L'ambivalence des planches : osciller entre le vivant et le rêve


Et moi, là, assis sur cette chaise en fer qui s'enfonce de plus en plus dans le sol, à la même distance de TOUT... et de l'espace... et du temps... et de ma vie... et de ma mort...

A la lecture de ces planches, nous sommes frappés par ces vives variations entre le monde du jour et le monde de la nuit ; en somme, le monde des vivants et le monde des morts. Seul le protagoniste vieillissant possède réellement la capacité d'explorer ces deux univers. Vite nous comprendrons que la communication de l'enfant dans le monde des vivants ainsi que la capacité du vieillard à naviguer entre le réel et le rêve, révèle la présence de la mort rôdant au dessus du vieillard. Et c'est en usant de cette dimension cosmique, le cycle naturel du jour et de la nuit, que Panaccione parvient à guider le protagoniste à travers son histoire. Entre une campagne chatoyante, des illustrations et des couleurs semblables à une aquarelle du peintre Zao Wou-Ki (1921-2013), ainsi qu'un univers nocturne en recherche désespérée de lumières (animaux aux yeux emplis de lueurs, lucioles, phares de voitures etc), le dessinateur chancelle entre le monde des esprits et celui des hommes.







Cette oeuvre absolument saisissante soulève plus de questions que de réponses : Que trouvons-nous après la mort ? Quand pouvons-nous estimer que nous "avons fait notre temps" ? Ce qui est sûr, c'est que la création de Grégory Panaccione vous laissera complètement décontenancé(e) !


La petite lumière, par Grégory Panaccione, publiée le 10 mai 2023 aux éditions Delcourt et Mirages.

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