En vue de la ré-ouverture de la cathédrale Notre-Dame de Paris, la Cité du Vitrail de la ville de Troyes organise une exposition exceptionnelle et choisit de retracer une querelle qui dura plus de trente ans. Le renouveau de l'art sacré contre les conservateurs.

Une vieille querelle de nouveau d'actualité
En 1935, une douzaine d'artistes verriers proposent de changer les fameux vitraux en grisailles du Viollet-Le-Duc pour leurs propres oeuvres, créées pour l'occasion. Encouragés par certains et hués par d'autres, ce projet artistique marque un profond tournant dans l'Histoire de l'art et questionne : le contemporain aurait-il sa place dans la préservation de l'art sacré ?
Cette exposition inédite trace la chronologie de cette querelle et réunit une quinzaine de vitraux, des maquettes et esquisses. S'ajoutent à cette collection remarquable de nombreux documents d'archives (photographies, articles de presse etc) ; ceux-ci se divisent en deux camps : les intellectuels en faveur de ce projet et les autres, qui refusent pleinement que cette idée voit le jour.
Les portraits des verriers sont également disposés aux différents étages de l'exposition ; on compte parmi eux Louis Barillet, Valentine Reyre (spécialisée dans l'art religieux), Jean Hebert-Stevens, le révérend père Couturier, André Rinuy, Paul Louzier, Joseph-Jean-Kef Ray, Louis Mazetier, Jean Gaudin, Max Ingrand, Jacques Gruber et Jacques Le Chevalier.

Un court point historique
Concernant la petite histoire, vers 1831, à la sortie de l'une des oeuvres les plus connues de Victor Hugo Notre-Dame de Paris, la cathédrale est en piteux état. Un chantier de consolidation et de remise à neuf des vitraux est engagé, et c'est Viollet-Le-Duc qui se charge de la création de vitraux. En 1935, Louis Barillet souhaite proposer de nouveaux vitraux, plus modernes, colorés et en collaboration avec la douzaine de maîtres verriers cités ci-dessus. La commission des monuments historiques acceptent et encouragent le projet malgré quelques réticences et les artistes purent présenter leurs ouvrages à l'Exposition internationales des arts et techniques dans la vie moderne en 1937.
Accrochés à la nef de Notre-Dame dès décembre 1938, les vitraux suscitent encore une fois de vives réactions. Les protestations sont peu nombreuses mais excessivement vigoureuses ; les vitraux sont jugés trop modernes, indignes de l'art sacré. Les pétitions et les tribunes dans les journaux se succèdent. Malgré tout, le projet n'est pas avorté et certains vitraux demeureront dans l'emblématique cathédrale jusqu'à l'incendie de la cathédrale en 2019.
Notre-Dame de Paris : la querelle des vitraux est une exposition charmante et très instructive qui nous plonge dans l'univers trop méconnu des artistes verriers ; et de cette querelle.
L'exposition : Notre-Dame de Paris : la querelle des vitraux (1935-1965) se poursuivra jusqu'au 09 mars 2025 à la Cité du vitrail de la ville de Troyes.
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