Après la mise en scène exaltante de La Mouette en 2022 à Bonlieu - Scène nationale d'Annecy, Cyril Teste poursuit ses explorations tchekhoviennes avec une adaptlation de Platonov présentée au Printemps des Comédiens 2024 et en tournée dans toute la France jusqu'en mars 2025. Malgré de belles promesses faites tant au niveau cinématographique qu'au niveau scénique, Sur l'autre rive sonne creux.

Une mise en scène nébuleuse et chaotique
Dans la maison d'Anna (Olivia Corsini), veuve appartenant à la bourgeoisie parisienne, une grande fête se prépare ; fête durant laquelle vous pourrez assister à la chute de Micha (Vincent Beger), le nouveau Platonov contemporain. Provocateur, scandaleux, odieux, Micha/Platonov fait tout pour se faire détester et noie son mal-être dans l'alcool et avec les femmes. Chaque personnage, coincé dans la case prévu pour lui, vacille entre souvenirs, espoirs et non-dits.
Ré-adapter une oeuvre d'Anton Tchekhov est un défi ambitieux... un peu trop peut-être pour Cyril Teste. À l'instar de son collègue, Julien Gosselin, le metteur en scène s'empare de caméras afin de créer un aller-retour entre procédés cinématographiques et scéniques. Seulement, la succession des tableaux est floue ; nous cherchons encore l'oeuvre Tchekov dans cette adapation ! Le dispositif audiovisuel n'est absolument pas maîtrisé, la caméra tremble, sans parler du focus bien trop rapproché du visage des comédiens. Si l'idée est intéressante, le résultat s'avère décevant.
Le décor semblait prometteur : une salle immense, un banquet luxueux et une plateforme placée au centre sur laquelle un musicien (Florent Dupuis) anime la soirée. Malheureusement, cela ne suffit pas à nous faire oublier le mauvais cadrage.

Un jeu inégal
Les comédiens semblent virevolter d'une scène à l'autre, sans but précis ; aucune rencontre n'est réalisée durant l'ensemble de la représentation. Les acteurs ne semblent pas se répondre, ne s'accordent pas. En somme ça sonne faux. Le jeu est fortement inégal, les marques d'affection sont creuses. En recherche de chaleur entre certains protagonistes, Cyril Teste n'offre qu'une affection superficielle ; les remises en cause, les crises existentielles sont complètement passées à la trappe, nous cherchons encore la profondeur.
Sur l'autre rive se révèle particulièrement décevant, donnant la sensation de passer à côté de l'oeuvre de Tchekhov et de cette adaptation.
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