
Elmyr Hory ? Elmyr ? Elmyr ! De nombreux noms ont été attribués à Elemér Hoffmann : Picasso, Modigliani ou encore Gauguin ; vous l’auriez compris Elmyr est un menteur, un escroc, un faussaire. Pendant plus de vingt-ans, Elmyr Hory a peint des milliers de toiles en signant à la place de peintres de renommée mondiale. Dans ce docu-fiction, Orson Welles choisit de questionner l’art et le réel : qu’est-ce que l’art ? Est-ce bien réel ? Est-ce qu’Elmyr ne serait finalement pas de la race des génies ? Elmyr ne serait-il pas Picasso lui-même ? Tous ces peintres illustres ne seraient-ils pas tous Elmyr et inversement ?
Cette œuvre de 1975 interroge sur l’art bien sûr, mais surtout sur la notion d’illusion. Pendant des décennies, certains musées ont exposé, sans le savoir, des œuvres originales qui finalement n’en étaient pas : c’est Elmyr qui les a créées. Dès le début de ce long-métrage, Welles annonce la couleur : le film traite de tricherie et de l’art du mensonge. Lui-même se désigne comme un charlatan, nous rappelant alors des mœurs remontant à l’époque de Molière : le comédien est un menteur. Le tour est complexe, mais quand il est réussi, il époustoufle tout le monde ; c’est la sensation laissée après le visionnage de ce film. Le pari entrepris par Orson Welles nous laisse frissonnant, et surtout encore plus perplexe qu’au commencement : qu’importe finalement le nom d’un homme laissé sur une œuvre ? En prenant pour exemple la cathédrale de Chartres, joyau mondial de l’architecture, notre charlatan démontre ceci : personne ne connaît l’architecte, ni le contre-maître qui aurait édifié cette splendeur. Alors pourquoi vouloir absolument savoir qui a fait quoi ? L’anonymat ne retire en rien ni le talent ni l’œuvre elle-même, seul l’apport de l’humanité aurait de l’intérêt ? Il serait laborieux de résumer en quelques lignes la portée de cette œuvre. Tout ce que nous pouvons vous promettre, c’est que vous allez être bouleversés.

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